L'appétit vient en jeûnant

Manger est un besoin pour entretenir la vitalité de notre corps. Manger est un plaisir aussi. Manger occupe beaucoup de notre temps et de notre énergie. Manger est donc un vaste sujet qui suscite bon nombre de débats diététiques et qui rapporte gros. Qui je nourris quand je mange ? De quelle nourriture ai-je vraiment besoin ? Entre ce que l’on sait ou sent que l’on devrait manger et ce que l’on mange réellement au quotidien, l’écart est parfois saisissant. Et si un break, une pause nous permettait d’y voir plus clair, de ressentir différemment, de gagner en vitalité, de nous alléger et d'entamer cette nouvelle année d'un estomac moins dodu mais plus plein d'entrain ? Une légèreté qui aura peut être la gourmandise de se prolonger au delà de nos assiettes... Eh bien, à table ! 

Le paradoxe de l'assiette pleine 

Surabondance alimentaire d'un côté par rapport à nos besoins et à nos réserves mais grand déficit en terme de densité nutritionnelle de l'autre. Nous mangeons souvent trop et/ou mal et si nous mangeons bien, nos capacités digestives ne sont pas toujours au mieux de leur forme pour transformer, assimiler et nous permettre de profiter pleinement de ce que nous ingérons. Ok jusque là rien de bien révolutionnaire, enfin quoique... ;-) 

Nous mangeons trop 

Malgré de nombreuses divergences sur les théories du "bien manger", voilà pourtant un point sur lequel tous les courants sans exception s'accordent. De quoi nous alerter sur l'importance de la chose même si ce n'est pas le conseil le plus exaltant qui soit. 

Car oui on le sait, c'est de bon sens, l’excès alimentaire est à la source de bon nombre de nos maux. On le sait qu'il serait profitable à notre santé de quitter la table avec toujours une petite faim, avec une place vide dans l’estomac mais on n'aime pas bien ça, le vide. Pas de recommandations ni de programme diététique à suivre scrupuleusement, pas d'aliments miracles, pas de manuel à dévorer ni de spécialistes pour nous faire la morale, nous voilà, là, juste avec nos yeux aussi gros que nos ventres pour observer l'endroit où ça réclame encore, l'endroit qui cherche à se remplir, l'endroit qui ne veut pas sentir de frustration, de vide, de manque, l'endroit où ça tire et pas que de la peau de nos bidons repus. 

Nous mangeons mal 

Les conditions de vie, les questions de facilité, les échanges sociaux, les goûts personnels et les empreintes culinaires familiales, les habitudes, le plaisir que représente la consommation de certains types d’aliments ou encore les prouesses marketing de l’industrie agroalimentaire perturbent fortement la donne. Au final notre alimentation est souvent bien trop riche, trop grasse, trop sucrée, engloutie trop vite, les aliments sont pauvres en qualité nutritive mais riches de résidus de pesticides et de conservateurs, les modes de cuisson ne sont pas appropriés... Nous nous retrouvons donc très souvent en surchage alimentaire et toxinique mais en carence minérale et vitaminique. 

Et si déjà juste pour commencer, avant d'explorer le jeûne, comme une mise en appétit du rien, nous mangions moins, un peu moins et puis un peu mieux aussi. Peut-être pourrions-nous même y prendre goût ?

Manger coûte de l'énergie, une activité pas des plus rentables

L'organisme gère l'empoisonnement au détriment de l'assimilation et perd beaucoup d'énergie à tenter de réguler la toxémie. Digérer, éliminer, régénérer nos organes de filtration c'est épuisant. Finalement manger n'est pas une affaire très rentable : on s'intoxine souvent bien plus que l'on apporte des nutriments essentiels au bon fonctionnement de notre métabolisme. 

Il existe deux types de toxémie : endogène et exogène. La première est liée à la vie et à la dégradation des cellules au sein même de l'organisme. La deuxième est le résultat d'une accumulation de corps toxiques venant de l'extérieur et sur laquelle nous pouvons directement agir en modifiant nos modes de consommation (alcool, tabac, café, sucre raffiné, drogues, colorants, conservateurs, métaux lourds, perturbateurs endocriniens, pollution électromagnétique, stress... ) 

Mise au repos du système digestif 

"Quand le corps est chargé d'humeurs impures, faites-lui supporter la faim : elle dessèche et purifie."  Hippocrate

Principe d'autorégulation

La nature est bien faite. Normalement, une régulation naturelle de la prise alimentaire est coordonnée par l’hypothalamus permettant ainsi de réduire spontanément nos apports nutritionnels le temps de retrouver l'équilibre. La diète d'après les excès en somme. La maladie intervient souvent aussi à ce moment là. Quand les émonctoires (foie, intestins, reins, peau, poumons) sont saturés, ils créent une petite crise d'élimination toxinique pour témoigner que nous avons poussé le bouchon un peu trop loin et nous offrir une diète (presque) spontanée. 

De toutes les cultures, de tout temps, s’abstenir de nourriture possède de précieuses vertus. Pourquoi attendre d'être totalement encrassé, engorgé ou malade pour s'offrir cette mise au repos salutaire ? 

Principe d'anticipation : alimentation hypotoxique, monodiète, jeûne 

A chacun de trouver la formule la plus appropriée en fonction de son mode de vie, de son âge, du degré d'intoxication et de sa propre constitution. Il n'existe aucune règle, aucune panacée, certains supporteront aisément un jeûne hydrique de 7 jours quand d'autres préfèreront la monodiète ou des jeûnes plus courts mais répétés. Ces cures sont souvent recommandées aux intersaisons pour inviter le nouveau mouvement saisonnier à prendre doucement sa place.
En médecine chinoise le jeûne n'est pas recommandé pour les personnes en état de « vide » (vide de Qi, de sang, de Yin ou de Yang) car il accentue ce déséquilibre en favorisant l’affaiblissement et le dérèglement des organes vitaux. Dans ce cas il est souvent plus approprié d'adopter une saine hygiène de vie au quotidien plutôt que d'opter pour des cures trop abruptes et stressantes pour l'organisme ou bien de se tourner vers des monodiètes ou des jeûnes courts.  

Le jeûne 

Un jeûne correctement pratiqué nécessite quelques précautions : alléger son alimentation plusieurs jours auparavant en favorisant la consommation de fruits et légumes pour préparer les intestins, faire une purgation légère la veille, choisir un moment et une ambiance propices, insister sur une reprise alimentaire très progressive...
Signe de désintoxication et proportionnelles au degré de toxines accumulées, le jeûne peut déclencher des manifestations, dites crises curatives, pas des plus agréables qu'il vaut mieux connaitre afin d'éviter tout effet de surprise : grosse fatigue, mal de tête, nausées, courbatures, haleine et sueurs fétides, éruptions cutanées, émission de mucus, étourdissement, hypotension, hypoglycémie, palpitations, émotions excacerbées... le corps commence le processus de transformation des graisses en sucres (crise d'acidocétose) en attendant le fameux cap du 3e jour avec à la clé euphorie et regain de vitalité. La sensation de faim disparait (notamment quand le tube digestif est également vide) même si l’envie de manger peut toujours être présente, là non plus nous n'expérimentons pas tous les choses de la même façon. 
Le jeûne a de multiples bénéfices hormis l'élimination des graisses superflues :
- repos organique qui permet le processus de régénération 
- augmentation des défenses immunitaires
- regain de vitalité, rajeunissement
- prévention de diverses pathologies telles que l'hypertension, le cholestérol, le diabète, les rhumatismes, les inflammations, les migraines...
- pour accompagner une chimiothérapie (cf le documentaire cité en fin d'article)
- en Allemagne des résultats positifs se sont révélés sur des pathologies neurologiques comme la sclérose en plaques, la maladie d'Alzheimer et la schizophrénie.

Le corps pert en graisse mais aussi en muscle, environ 20 à 30% ce qui est minimisé par le fait de rester en mouvement et la pratique souvent associée de marches dans la nature; le bouillon de légumes pris le soir permet de réduire la fuite en sels minéraux et les infusions ou décoctions de plantes permettent d'aider les émonctoires à se réguler.
Contre-indications : la peur du jeûne, les insuffisances cardiaques, rénales, respiratoires, hépatiques, les maladies de carences, maigreur extrême, anorexie.

Pour plus d'informations, suivez ce lien : Qu'est ce que le jeûne ?

Monodiète, alimentation hypotoxique 

La monodiète est comme son nom l'indique le fait de ne consommer qu'un seul type d'aliment sur un ou plusieurs jours. Continuer d'avoir un apport alimentaire limite la fatigue, les symptômes aigus dus aux décharges toxiniques massives et peut plus aisément se combiner avec un rythme de vie habituel. La consommation d'un seul type d'aliment (la monodiète de camembert ou de chocolat serait un choix très audacieux dont je vous laisse assumer les conséquences ;-) ) permet au système digestif de fournir de moindre efforts. Les monodiètes les plus fréquentes sont celles de raisins, de pommes, de riz semi-complet ou de sarrasin, de jus de légumes.

L'alimentation hypotoxique fait la part belle aux légumes et fruits bio de saison, aux herbes, aux plantes, aux huiles bio de première pression à froid, aux oléagineux et suprime les excitants, les produits raffinés, les produits laitiers, les aliments sucrés ou contenant du gluten... Elle prête aussi attention aux modes de cuisson pour préserver au maximum les qualités nutritives, à la qualité de l'eau consommée. Elle privilégie des aliments les moins dénaturés possible, en lien avec les saisons et dans des quantités raisonnables. 

Question d'appétit 

... ou de flore intestinale ?

Une étude* dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications datée du 25 octobre 2013, met en évidence la présence d’anticorps particuliers, ou immunoglobulines, capables de reconnaitre la ghréline (l'hormone de la faim, produite par l’estomac et agissant sur l’hypothalamus) et de se lier à elle, la protégeant ainsi de sa dégradation rapide dans la circulation. La ghréline peut alors agir plus longuement sur le cerveau et stimuler l’appétit. 
Cette étude prolonge d’autres travaux de l’équipe de recherche, publiés en 2011 sur le rôle des immunoglobulines interférant avec différentes hormones agissant sur l’appétit, la satiété ou l’anxiété dans des situations d’anorexie, de boulimie ou de dépression, et sur l’implication probable de la flore intestinale (microbiote) dans ces interactions.

* étude menée par Sergueï Fetissov et l’équipe de l’unité mixte de recherche 1073 “Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau” (Inserm/Université de Rouen) dirigée par Pierre Déchelotte, en collaboration avec l’équipe du Pr Akio Inui à l’Université de Kagoshima (Japon).

... ou d'addiction au sucre ? 

Régulation de la glycémie 

L'ingestion d'aliments à index glycémique élevé (sucre raffiné, céréales raffinées, préparations industrielles...) produit un pic d'hyperglycémie dans le sang qui va entrainer dans les heures qui suivent une hypoglycémie dite réactionnelle qui va à son tour relancer le besoin de consommer des aliments sucrés. Ce cercle vicieux épuise l'organisme et provoque divers désordres métaboliques : fatigue générale et organique, augmentation de l'appétit, pulsions alimentaires et grignotages, coup de blues, prise de poids, pré-diabète, acidité... 

Tous accros à la poudre blanche  

Une personne sur 10 a une addiction au sucre, un chiffre qui augmente de 4 à 6 personnes en cas d’obésité déclare Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS (Université de Bordeaux) au sein de l'équipe « Prise de décision pathologique de l’addiction ».
Son étude de 2007, fortement relayée médiatiquement, nous démontrait la préférence des rats dans 94% des cas pour l’eau sucrée plutôt que pour des injections en intraveineuses de cocaïne. 

"Cash Investigation. Sucre : comment l’industrie nous rend accros ? " Un reportage édifiant à visionner ici !
La France est le premier producteur de sucre en Europe et les Français de très gros consommateurs. Chacun d’entre nous en mange 34 kilos par an, deux fois plus qu’il y a quinze ans. Le sucre est partout. Lobbying auprès des décideurs publics et des scientifiques, matraquage publicitaire, l’industrie agroalimentaire met des moyens considérables pour nous en faire manger toujours plus.

Alors mangeons du gras !

Si pour notre santé il apparait franchement bénéfique de limiter la consommation de sucre (féculents compris), il est temps de réabiliter le gras. Ce gras qui n'a jamais eu une très bonne réputation tant sur la prévention des troubles cardiovasculaires que sur les problèmes de poids. En diététique nous apprenons qu'1g de lipide apporte 2 fois plus de calories qu'1g de glucide, de fait le calcul a vite été trouvé : pour diminuer son apport en calories, et donc pour mincir, il faut réduire les graisses. Nous savons aujourd'hui que les sucres perturbent le métabolisme et augmentent l'appétit et qu'ils sont davantage en cause dans la production excessive de cholestérol et de triglycérides ainsi que dans la formation et le stockage de la graisse blanche. 
Diminuons donc dans notre alimentation la part des glucides au profit des protéines et des graisses. Choisir de bonnes graisses, oméga 3, oléagineux c'est encore mieux. On se rapproche du "régime" paléolithique. 

 ... ou de philosophie ? 

En outre, entre l'appétit et le désir il n'existe aucune différence, sauf que le désir s'applique, la plupart du temps, aux hommes lorsqu'ils ont conscience de leur appétit et, par suite, le désir peut être ainsi défini : "Le désir est un appétit dont on a conscience." Il est donc constant, en vertu des théorèmes qui précèdent, que nous ne nous efforçons pas de faire une chose, que nous ne voulons pas une chose, que nous n'avons non plus l'appétit ni le désir de quelque chose parce que nous jugeons que cette chose est bonne ; mais qu'au contraire nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, que nous la voulons, que nous en avons l'appétit et le désir. "  Spinoza, Ethique

Ah et si seulement nous pouvions avoir le désir de la modération et du vide :-) 

Au delà du cercle de nos assiettes  

Digital detox ou jeûne numérique 

Un article publié dans Le Monde.fr du 10.03.2015 parlait du " jeûne des hyperconnectés ". Accro à ses mails, son téléphone, aux réseaux sociaux, premier réflexe au lever et au coucher, recherche des connexions Wi Fi partout... peut être le temps de débrancher. Une diète des ondes qui ne pourra être que profitable quand on connait l'impact de la pollution électromagnétique sur la santé. 

Vider ses placards

Dans " L'art de l'essentiel : jeter l'inutile et le superflu pour faire de l'espace en soi ", un petit livre qui ne paye pas de mine mais qui peut franchement donner l'élan nécessaire pour désencombrer nos environnements, Dominique Loreau nous dit (très à l'image de notre système digestif !) que "l'encombrement est à la fois la source et la conséquence de notre léthargie ", et qu'inversement " le désencombrement permet de décupler l'énergie qui est déjà en nous. Le fait de ne pas s'attacher, s'accrocher, donne de l'énergie, c'est à dire de la vie. C'est la seule chose dont nous puissions véritablement disposer. Mais pour cela, il faut couper court à tout ce qui nous en prive ou nous en fait perdre. Il faut jeter tout le superflu. " 

Faire de la place au vide pour accueillir le renouveau. 

Ouvrir son champ nourricier 

Cultiver l'appétit d’autres nourritures. Est-ce la nature, des lectures, des enseignements, des pratiques sportives ou artistiques, prendre un bain, se faire masser, caresser son chat, prendre un thé avec un(e) ami(e), chanter, danser, rire, jardiner, méditer, partager... à chacun de trouver ce qui le régale. 

Accueillir la contradiction  

Entre la théorie et la pratique, entre ce que l'on sait et parvient à faire, et puis certains moments de la vie où c'est plus facile que d'autres... l'alimentation peut vite devenir une grosse prise de tête qui crée bien plus de problèmes qu'autre chose alors essayons de prendre tout cela avec légèreté et bon sens ! On fait du mieux possible et pour le reste eh bien évitons la culpabilité puisque ça ne sert à rien ou au mieux à nous donner des aigreurs ;-) 



  Coups de coeur :

  • Un documentaire : " le jeune une nouvelle thérapie ? ", à visionner par ici tant que cela est encore possible, disponible sinon à la location en cliquant par là : Documentaire Arte
  • Un peu de lecture : " Le jeûne, une méthode naturelle de santé et de longévité " de Jean-Pierre Willem aux éditions Guy Trédaniel et " Cures naturopathiques » de Daniel Kieffer aux éditions Grancher et pour alléger notre quotidien et nos intérieurs " L'art de la simplicité " de Dominique Loreau
  • Si l'expérience vous tente d'une semaine de jeûne ou de monodiète en immersion avec randonnées, massages, cocooning et un accompagnement prévenant et attentif voici un lieu parfaitement ressourçant et chaleureux situé dans la Drôme où vous serez accueillis avec sourire et professionnalisme par Dominique et Pierre : Centre des amandiers